mardi 5 février 2008

Cérémonie d’ouverture pour Trinh-Duc




A 21 ans, le Montpelliérain a honoré sa première sélection chez les Bleus.
S.P.
Libération : lundi 4 février 2008

Il a traversé l’écran. Enfant, François Trinh-Duc regardait à la télévision le tournoi qui se disputait, à l’époque, à cinq nations. Hier, il est passé de l’autre côté du poste, pour sa première titularisation chez les Bleus. Il a appris sa sélection devant la télé justement, sans y croire vraiment. A se pincer. Car il y a à peine un an, François Trinh-Duc, qui tient son patronyme d’un grand-père rapatrié d’Indochine à la fin des années 50, n’était qu’un espoir particulièrement prometteur.

Sourire. Formé à l’école de rugby du Pic-Saint-Loup dans la banlieue bourgeoise de Montpellier, François Trinh-Duc rejoint le Montpellier Hérault Rugby Club en cadets. Il se fait remarquer dès son premier match avec l’équipe première de Montpellier, alors mal classée au Top 14. C’était il y a un an. L’été venu, et le maintient de Montpellier assuré, il signe son premier contrat pro. A peine 20 matchs de Top 14 dans les jambes, et déjà titulaire à l’ouverture du XV de France, on crie à la génération spontanée. «C’est un ouvreur moderne. Il est un gros défenseur avec des jambes hors normes», décrit son entraîneur à Montpellier, Didier Nourault. Il a aussi des épaules de déménageur et une puissance de bras qu’il s’est forgée en renversant des adversaires en kimono de judo. Ce goût pour le bon gros plaquage lui a joué des tours : sur son casier sportif, une suspension de quinze jours pour geste dangereux en conférence européenne. Un joueur qu’il faudrait presque freiner dans son enthousiasme.
«J’aime déplacer le jeu, le nourrir de passes. J’échappe aux stratégies trop codifiées. C’est une qualité comme un défaut, admet-il. Parfois, je m’emballe un peu.» Il n’a que 21 ans. A Marcoussis c’est son énorme sourire qui a marqué. Il est celui qui ne s’en fait pas. «Pour ma première sélection, explique Cédric Heymans, arrière du XV de France, je n’en menais pas large, lui arrive hyperdétendu.» Et, alors que les anciens refusent de revenir sur un système qu’ils ont cautionné, lui y va franco sur les méthodes de l’ancien sélectionneur : «Jeu trop stéréotypé», balance-t-il.
S’il n’avait pas fait rugby dans la vie, François Trinh-Duc aurait porté des tongs plutôt que des crampons. Il se serait bien vu GO au Club Med. Ses entraîneurs ont loué sa vivacité et sa décontraction : «On a été attentifs à son état d’esprit, à son intégration dans le groupe. Il nous a montré de bonnes choses dans sa capacité à prendre des décisions. On le sent capable d’assumer.» Hier, la presse écossaise du matin se régalait de voir ce jeunot d’1,85 mètre pour 84 kilos, à un poste clé de l’équipe de France. Et d’imaginer déjà les géants en kilt n’en faire qu’une bouchée.


«Insatisfait». Bizarrement, il se montra très sérieux pendant la Marseillaise. Yeux fermés, sans chanter. Il fut au départ du mouvement qui amena le premier essai bleu, mais son jeu au pied manqua de précision, avec cette pénalité qui ne trouva pas la touche. Il a d’ailleurs dû intervertir sa position avec Damien Traille, au pied plus fidèle. «Ils ont fait comme ils le sentaient, et quand cela s’imposait», a expliqué Lièvremont. «Je suis un éternel insatisfait, j’aurais aimé prendre plus d’initiatives, regrette Trinh-Duc. J’ai pu juger du niveau international, à un moment on roulait capot ouvert.» Comme prévu, il fut remplacé à la 68e par David Skrela. Auparavant, le jeunot qui voulait «mettre le feu à Murrayfield» avait gratté quelques allumettes.

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