mercredi 9 avril 2008

Un Chinois règle la circulation à Paris

LE MONDE 09.04.08
Avez-vous vu ce diplomate chinois parler avec véhémence au directeur de cabinet du préfet de police, sur le parvis de l'Hôtel de Ville, à Paris ? C'était dans le journal télévisé du soir, mardi 8 avril, sur TF 1. Pour ceux qui ont manqué cet épisode, on résume. La flamme olympique passait lundi par la capitale. Le cauchemar des policiers qui la protégeaient a commencé dès que Stéphane Diagana est apparu avec elle au pied de la tour Eiffel. Il a continué pratiquement jusqu'à l'arrivée de la flamme au stade Charléty, après un parcours de 28 km.
L'étape de l'Hôtel de Ville, brûlée à la demande des Chinois, a été cruciale. "Aux abord de l'Hôtel de Ville, l'itinéraire va brutalement changer. Qui décide ? Qui fait quoi ? Incontestablement, la décision viendra de ce conseiller politique auprès de l'ambassade de Chine", explique un journaliste de TF 1. On voit alors un diplomate chinois, écharpe autour du cou, sortir de sa limousine, très en colère.
Sur le parvis de l'Hôtel de Ville, il y a des manifestants chinois, mais aussi, de l'autre côté, retenus par des barrières métalliques, des Tibétains et des défenseurs des droits de l'homme. M. Song s'adresse alors au directeur de cabinet du préfet de police. "Non, ce ne sont pas des Chinois, non !", lui dit-il, très remonté. Ils poursuivent évidemment une conversation entamée au téléphone. On voit distinctement les Tibétains et leur emblème. Pour le représentant de la Chine, c'est inacceptable. "M. Song et les autorités chinoises décident d'annuler le relais et la cérémonie de l'Hôtel de Ville. (...) Cette décision a été prise par les autorités chinoises. Ce sont elles qui avaient la responsabilité de la flamme, la responsabilité du rythme de déplacement du cortège", poursuit le journaliste invisible. Pour mieux enfoncer le clou, TF 1 donne alors la parole à Pierre Mure, directeur de l'ordre public et de la circulation à la Préfecture de police. "L'attitude des autorités chinoises et leurs perpétuels atermoiements nous ont compliqué la tâche, puisque cela a freiné un déroulé normal du cortège", dit-il. Vous avez compris ? Les Chinois réglaient, lundi, la circulation à Paris. On plaisante ? TF 1 était en mission pour sauver la police parisienne de l'accusation d'incompétence. La police parisienne répliquait en disant que les incompétents, c'étaient ces Chinois aussi arrogants qu'indécis. Et mal élevés ! Ce n'est pas David Douillet qui dira le contraire. L'ancien champion du monde de judo se voyait éteindre sa flamme par un Chinois, nettement plus petit que lui, mais qui savait où était le bouton interrupteur sur son flambeau. Il faut conclure. La morale de cette histoire est qu'il ne faut jamais laisser les Chinois régler la circulation à Paris. Ils le font mal.
Dominique Dhombres
Article paru dans l'édition du 10.04.08.

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