mercredi 30 avril 2008

"Un monde de bulles" évoque Mai 68, à travers la BD

LE MONDE 30.04.08 15h08
Pour évoquer Mai 68 et se démarquer dans l'avalanche d'émissions programmées depuis la mi-avril, Public Sénat a trouvé un angle original en choisissant d'évoquer les quarante ans du mouvement social à travers "Un monde de bulles", le magazine consacré à la bande dessiné.
Et pour ouvrir l'émission, le présentateur, Jean-Philippe Lefèvre ne donne pas la parole à un soixante-huitard mais à deux jeunes auteurs à peine trentenaires - Arnaud Bureau, scénariste de BD, et Alexandre Franc, dessinateur - qui n'étaient pas nés au moment des événements.
Cela ne les a pas empêchés de réaliser une bande dessinée pertinente, Mai 68, histoire d'un printemps (Ed. Berg international, 112 p., 19,68 euros), un album en bichromie inspiré par l'esthétique des affiches de l'époque, préfacé par Daniel Cohn-Bendit, dont une planche est publiée chaque jour sur Le Monde.fr. "Les BD en costume, ça me casse un peu les pieds, les recherches documentaires aussi. Là, on avait Paris sous la main, une époque pas trop lointaine, et surtout, il y a une mythologie de Mai 68 qui est encore enthousiasmante", raconte Alexandre Franc.

"POILUS DES BARRICADES"
Pour ce numéro spécial de l'émission intitulé "Mai 68 : sous les pavés, des bulles !", M. Lefèvre ne pouvait pas ne pas inviter Cabu, âgé d'une trentaine d'années et déjà un crayon à la main à l'époque des événements. "Les soixante-huitards commencent à disparaître, c'est comme les derniers poilus. Je suis un des derniers poilus des barricades", s'amuse le "père" du grand Duduche, qui signe plusieurs livres en cette année anniversaire parmi lesquels Cabu 68, avec Laurence Garcia (Ed. Actes Sud, 22 euros).
Pour lui, Mai 68, c'est le début d'une "autre forme" de dessin. "On a commencé à faire des dessins sur le pouvoir. Avant, on dessinait surtout pour se faire plaisir. Après, on l'a fait pour être utile, pour dire des choses", raconte Cabu.
Pour Florence Cestac, Mai 68 a "ouvert une porte". "Avant, on faisait de la BD pour les adolescents, pour les enfants, mais pas beaucoup pour les adultes", rappelle-t-elle.
La dessinatrice, qui a participé au numéro spécial "Mai 68" du magazine Pilote, raconte en bande dessinée, dans cette édition "collector", comment, en 1968, alors qu'elle avait 18 ans, elle s'est retrouvée en prison, pendant dix-huit jours, pour "vol et destruction d'emblèmes nationaux" (elle avait déchiré un drapeau tricolore).
Réalisé avec la contribution de soixante dessinateurs et auteurs, ce numéro de Pilote (7,90 euros) mêle souvenirs d'anciens qui ont connu les pavés et les barricades et réflexions, en cartons et bulles, de leurs fils ou filles spirituels.

"Mai 68 : sous les pavés, des bulles !", vendredi 2 mai à 23 heures sur Public Sénat.
Sylvie Kerviel
Article paru dans l'édition du 02.05.08.

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